Publié le 7 mars 2025 | Thème(s) : ,

Deux sœurs, S. et T. sont suivies pour une insuffisance ovarienne prématurée (IOP). Elles ont toutes les deux présenté un impubérisme complet et une aménorrhée primaire ayant nécessité une induction de la puberté. Elles sont issues d’une union consanguine.

L’interrogatoire a mis en évidence une IOP chez la mère de S. et T. Celle-ci a présenté une puberté spontanée, une ménarche à 14 ans et a eu 2 enfants sans difficulté. Mais elle a ensuite présenté une IOP à l’âge de 36 ans.

 

Le bilan réalisé chez T., le sujet index, à l’âge de 15 ans a montré des taux de gonadotrophines élevés avec un taux d’estradiol bas, compatibles avec le diagnostic d’IOP. Son caryotype était 46,XX et l’analyse du gène FMR1 était normale. Un panel de gènes impliqués dans l’IOP (incluant FIGLA) réalisé en 2016 n’avait pas mis en évidence de variant pathogène. Devant l’absence de résultat concluant, l’indication de séquençage de génome a été retenue par la RCP nationale de la préindication IOP (RCP nationale IOP, DSD et Hypogonadismes d’origine hypothalamo-hypophysaire, filière FIRENDO). Une analyse en trio (la mère et ses deux filles, âgées de 26 et 24 ans) a été réalisée par le laboratoire SeqOIA.

 

Cette analyse a mis en évidence un variant homozygote dans le gène FIGLA, chez S. et T.. La mère est hétérozygote pour le variant. Ce variant est une délétion emportant le dernier exon (5/5) et la partie 3’UTR du gène FIGLA, située dans des régions d’homozygotie chez les deux sœurs.

La délétion de la partie 3’UTR pourrait ainsi perturber la maturation de l’ARNm et diminuer l’expression de la protéine normale. Cependant, ce gène ayant uniquement une expression ovarienne, une étude de transcrit ne peut être réalisée.

FIGLA est un facteur de transcription nécessaire à la folliculogénèse normale chez l’humain. Des variations ont été rapportées chez des patientes présentant une IOP, à l’état hétérozygote en cas de phénotype plus modéré avec aménorrhée secondaire, compatible avec le phénotype observé chez la mère, et à l’état homozygote en cas de phénotype plus sévère avec aménorrhée primaire, compatible avec le phénotype observé chez les deux filles.

 

Ainsi, la réalisation d’un génome en trio a permis d’élucider le mécanisme physiopathologique de l’IOP chez la mère et ses deux filles. Ce cas illustre parfaitement l’influence du mode de transmission (autosomique dominante ou récessive) sur la variabilité phénotypique observée au sein des patientes atteintes d’IOP.